Depuis ma plus tendre enfance, la musique occupe une
place importante dans ma vie. Mes premiers souvenirs
concernant la musique remontent vers l'âge de 2 à 4
ans, quand nous allions régulièrement en famille à
l'office du dimanche. Je voulais toujours aller sur
la galerie là où l'un de mes oncles jouait sur les
grandes orgues. Je m'asseyais à côté de lui pour
lui tourner les pages de ses partitions. J'ai su,
depuis ces instants-là, que la musique occuperait
une place importante en moi. A cette époque, je ne
connaissais rien du solfège, et j'ai dû attendre
l'âge de comprendre les notes, l'âge de pouvoir
apprendre.
Pour mes 8 ans, j'ai eu (ma première
cithare )
et c'est ma mère qui m'enseigna les quelques notions
de solfège qu'elle connaissait.
Un jour, ma grande soeur attirée aussi par la
musique, s'acheta un orgue électronique. Elle crut
qu'elle pourrait en jouer comme le démonstrateur où
elle l'avait acquis, mais en vain. Ce fut moi qui
commençai à y jouer des airs populaires, sans
partitions. Soit que c'étaient des chants que l'on
apprenait à l'école, ou alors j'accompagnais des
mélodies que j'écoutais sur cassette ou à la radio.
A l'âge de 11-12 ans, ma mère, à qui mes
prédispositions à la musique n'échappèrent pas, me
poussa à apprendre le solfège en m'inscrivant à la
branche à option de musique que l'école
proposait. Je commençai à jouer du bugle, mais je
sentis que ce n'était pas mon instrument, alors je
me suis tourné vers la percussion, plus précisément
le tambour : j'en joue toujours au sein de
la
fanfare de Saignelégier.
Voyant que je progressais sur le clavier, elle me
fit prendre des cours chez un professeur à Delémont,
où je descendais en voiture avec une de mes soeurs.
Une fois l'orgue électronique bien maîtrisé, je
m'essayai sur un orgue plus complexe, avec deux
claviers et un pédalier. Mes parents, aidés par ma
grand-mère, s'investirent dans l'achat d'un tel
instrument, et à l'époque, le coût était très élevé.
Ce fut pour ma mère un grand sacrifice financier,
elle qui, petite voulait toujours apprendre à jouer
du piano, elle voyait en moi son rêve se réaliser.
Parfois c'était dur d'apprendre, ma mère me fit
comprendre que l'on n'a rien sans efforts, qu'il
fallait persévérer dans cette direction. Puis
vinrent mes premiers instants sur les grandes
orgues à l'église de Saignelégier. Quand on
m'enseigna les bases techniques et que j'effleurai
enfin les touches de cet instrument majestueux, je
sentis au fond de moi l'immense joie et la fierté de
perpétuer la tradition familiale qui perdure depuis
4 générations !
Je me souviens de mes premiers offices où
j'accompagnais l'assemblée à chanter les cantiques,
je sentais le trac monter en moi, puis avec le temps
cela s'est estompé, ceci grâce à la relaxation et au
self-control.
Par la suite, j'ai pris des cours au Conservatoire
de musique de Delémont. Les professeurs se
déplaçaient à Saignelégier pour m'enseigner cet
instrument. Par la suite, j'ai suivi d'autres
cours dans le cadre de la SOPJ (Société des
Organistes Protestants Jurassiens)
Et depuis je joue toujours les orgues quand cela
m'est demandé. Je joue aussi mes propres
compositions, parfois avec d'autres musiciens pour
des occasions spéciales. L'improvisation occupe une
place importante au cour de l'office où je me donne
à coeur joie dans ce que je joue, et je saisis
l'inspiration du moment pour interpréter des
mélodies. J'éprouve un très grand bien-être
d'interpréter ces oeuvres inspirées; les gens
sensibles et réceptifs le ressentent, bien souvent.
On vient souvent me voir pour discuter, et me
féliciter après le culte.
Une chose est certaine, je crois que si
l'on s'investit et que l'on met tout son coeur dans
ce que l'on fait, cela va être ressenti par d'autres
personnes. En tant que musiciens, nous avons aussi
un message à faire passer, ce que nous ne pouvons
pas comprendre en paroles, la musique l'apporte, le
complète, pour autant qu'elle soit jouée avec
tact et savoir.
La musique, c'est toute une vie, on n'a jamais fini
d'en apprendre, elle occupera toujours une place
importante dans la mienne.